Rapport d'information : favoriser l'accès au revenu de solidarité active (RSA) (3/3)
Rapport d'information déposé en application de l'article 146-3, alinéa 8, du Règlement par le comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques sur la mise en oeuvre des conclusions du rapport d’information (n° 4098) du 15 décembre 2011 sur l’évaluation de la performance des politiques sociales en Europe et présenté par Mm Michel HEINRICH ET Régis JUANICO, Députés.
Favoriser l'accès au revenu de solidarité active (RSA)
Consulter / Télécharger : Favoriser l'accès au revenu de solidarité active (RSA) pages 45 à 50
Si des progrès ont été réalisés concernant l’analyse du non recours au RSA, et en particulier au « RSA activité » (2), il reste en revanche nécessaire d’améliorer l’information sur ce dispositif, mais aussi de poursuivre les efforts de simplification des démarches et des formulaires administratifs, comme pour d’autres prestations.
1. Un phénomène de non recours, en particulier au « RSA activité », qui est désormais mieux analysé
Le RSA est aujourd’hui versé à près de 2,1 millions de foyers en France, dont environ 480 000 bénéficiaires du RSA activité seul, tandis que 223 000 perçoivent du RSA socle et activité (3), mais un certain nombre de foyers éligibles ne perçoivent pas cette prestation, parce qu’ils ne déposent pas de demande en ce sens.
(1) Le montant minimum de ressources garanti par le RSA est majoré pour les parents isolés (personnes seules, veuves ou séparées ayant des enfants à charge de moins de 25 ans), le montant de la majoration dépendant du nombre d’enfants à charge. Le RSA majoré a remplacé l’allocation de parent isolé (API).
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Les rapporteurs ont dès lors préconisé d’étudier finement les raisons du recours limité au RSA activité (recommandation n° 18), afin de pouvoir mobiliser tous les leviers susceptibles d’y remédier.
Dans cette perspective, le rapport final du Comité national d’évaluation du RSA (1), publié fin décembre 2011, a permis de quantifier l’ampleur du non recours à cette prestation et à ses composantes, mais aussi d’éclairer ses différents motifs.
Il ressort de ces travaux et d’une enquête quantitative réalisé par la Dares (2) pour le Comité que près de la moitié des bénéficiaires potentiels du RSA ne l’ont pas demandé, soit environ 1,7 million de personnes, et qu’en particulier
68 % des personnes éligibles au RSA activité seul étaient en situation de non recours. La perte financière moyenne n’est pourtant pas négligeable pour les non recourants, comme l’indique le tableau ci-après. Au total, le montant non distribué du fait du non recours serait de l’ordre de 432 millions d’euros.
Voir tableau page 46
Parmi les foyers éligibles, le non recours concerne davantage les couples, les hommes seuls et les foyers sans enfant. Il est aussi le fait des moins pauvres d’entre eux, plus proches de l’emploi et aux conditions de vie les moins dégradées.
(1) Rapport final du Comité national d’évaluation du RSA, présidé par M. François Bourguignon, et son
annexe n° 1 relative au non-recours au RSA et ses motifs (décembre 2011).
(2) Dans le cadre des travaux du comité d’évaluation du RSA, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a réalisé une enquête auprès de personnes à revenus modestes, visant à appréhender la connaissance du RSA et les conditions de vie des membres des foyers repérés comme éligibles au RSA, à décrire la situation des bénéficiaires de la prestation, et à étudier le phénomène de non-recours, avec une première phase téléphonique auprès de 15 000 foyers sélectionnés à partir de leur déclaration fiscale, puis une seconde phase de face à face, auprès de 3 300 personnes repérés comme éligibles.
Ces travaux ont également permis de mieux cerner les raisons du non recours, qui semble s’expliquer en grande partie par une connaissance insuffisante du dispositif : une proportion non négligeable de non recourants (près du tiers) pense par exemple que le RSA est réservé aux personnes sans emploi ou ne sait pas savoir auprès de qui faire la démarche.
Par ailleurs, un peu plus du quart des non-recourants interrogés n’ont pas fait valoir leurs droits pour une raison de principe, n’ayant « pas envie de dépendre de l’aide sociale, de devoir quelque chose à l’État ». Ce motif va souvent de pair avec le fait de déclarer ne pas être intéressé par la prestation et se débrouiller autrement financièrement. Le faible intérêt financier de la prestation (3 %) et la peur de perdre des droits connexes (3 %) apparaissent en revanche comme des motifs marginaux dans cette enquête.
Voir statistiques page 47
Si la compréhension du phénomène de non recours et de ses ressorts profonds apparaît complexe et mériterait certainement d’être approfondie, ces travaux ont néanmoins permis d’apporter des éléments d’analyse très utiles sur cette question, en confortant également l’analyse des rapporteurs sur plusieurs points.
2. La nécessité de renforcer les actions d’information sur le RSA
Dans la mesure où le non recours au RSA semble s’expliquer en grande partie par une méconnaissance de ce dispositif, des actions d’information sur ce dispositif sont nécessaires, en direction des bénéficiaires potentiels mais aussi du grand public (recommandation n° 18).
Initialement fondée sur une campagne d’information générale (spots télévision et radio, site dédié, équipe d’accueil téléphonique) lors de la phase de lancement du dispositif en 2009, la communication sur cette prestation s’est réorientée à partir de 2010 vers une approche plus ciblée sur les publics jugés plus particulièrement concernés par le non recours, selon les informations recueillies auprès du ministère des Affaires sociales et de la santé. Ces actions d’informations ciblées sur les bénéficiaires potentiels se sont appuyées sur des supports variés (1), le site Internet sur le RSA ayant également fait l’objet d’une restructuration et d’une refonte intégrale de l’ensemble de ses rubriques, en juillet 2012. Des efforts de simplification des démarches ont parallèlement été entrepris depuis 2010 (2).
Ces initiatives n’ont cependant pas permis de réduire de manière significative le taux de non recours à cette prestation, et la progression du nombre d’allocataires du RSA activité s’est sensiblement ralentie depuis 2010, comme l’illustre le graphique ci-dessous.
Voir grahique page 48
Les rapporteurs appellent donc, de nouveau, à l’organisation decampagnes d’information sur le RSA. Récemment, le Conseil national des(1)
Affichettes et dépliants d’information destinés à sensibiliser trois millions de locataires de logements sociaux,lettres adressées aux maires pour sensibiliser les personnels des centres communaux d’action sociale (CCAS)et les personnels municipaux, courriers des Caf aux allocataires susceptibles de remplir les conditions lesinvitant à faire un test d’éligibilité au RSA et partenariats avec les représentants du secteur des services à lapersonne afin de sensibiliser les employés du secteur (1,5 million de personnes).
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politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) s’est d’ailleurs également prononcé en ce sens.
Organiser des campagnes d’information pour lutter contre le non recours : une position également partagée par le CNLE
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